1816-2016 - Bicentenaire

Le mythe Nadar

Certains l’affirment : le photographe Nadar fut diplômé de l’École des Mines de Saint-Étienne. Dans l’annuaire des anciens élèves de 1882, il est spécifié qu’il est à cette époque « peintre dans la Moselle ». Par la suite, cette information sera remplacée par « photographe » à Paris. Cette information est relayée depuis des années dans l’enceinte de l’École des Mines de Saint-Étienne : discours de Pierre Chevenard le 30 mai 1954, Revue des Ingénieurs en mai 1960…

Félix Tournachon, un artiste au plus près de la science

De son vrai nom Félix Tournachon, Nadar est né à Paris le 6 avril 1820. Il est attiré par la littérature, écrivit quelques livres, et ses amis sont Théophile Gautier, Alexandre Dumas, Charles Baudelaire et Gérard de Nerval. Il publia de nombreux portraits d’auteurs publiés dans la presse, qu’il rassemble dans le Panthéon Nadar. Son style est la caricature et il crée une des premières bandes dessinées dans un journal hebdomadaire Mossieu-Réac.

La photographie, c’est pour son frère Adrien, un artiste raté. Il lui finance des cours et un studio. Pour le faire vivre, Félix fait venir ses amis et les immortalise, mais cette fois par la photographie. Il ouvre son propre studio et devient le photographe des artistes. C’est à lui que nous devons certains des portraits les plus connus des auteurs du XIXe siècle. Avec lui, le portrait photographique devient un art, dont il maitrise les deux composantes : la technique et la mise en scène du sujet.

L’autre passion de Nadar, c’est le rêve de voler. Il dépose un brevet sur la photographie aérostatique en 1854, puis souhaite développer le transport aérien de passagers grâce à la société d’encouragement pour la locomotive aérienne en 1863 et grâce au Géant, un ballon transportant 80 passagers. Au cours de la guerre de 1870, il crée une compagnie d’aérostiers, précurseur en un sens de la poste aérienne, qui transporta 2,5 millions de lettres représentant 11 tonnes. Il effectue aussi de la surveillance. Il inspira Jules Verne dans son livre Cinq semaines en ballon et pour son personnage de Michel Ardan qui est une anagramme de Nadar.

Finalement, Nadar s’est intéressé à l’essor de l’image et à la conquête des airs, deux domaines majeurs du XXe. Il fut le premier à accueillir une exposition des futurs grands noms de l’impressionnisme.

Deux autoportraits de Nadar issus des archives de l’association des Ingénieurs civils des Mines de Saint-Étienne.
Deux autoportraits de Nadar issus des archives de l’association des Ingénieurs civils des Mines de Saint-Étienne.

Pierre Marcellin Tournachon, ingénieur des mines

Les deux clichés qui sont conservés par l’association des Ingénieurs civils des Mines de Saint-Étienne, les articles mentionnant que Nadar fut diplômé de l’École et la transmission de cette information ont installé l’idée que Nadar fut bien élève de l’École stéphanoise…, mais ce n’est qu’un cliché.

Il n’y a pas de Nadar dans les registres. Normal, puisque c’est un nom d’emprunt. Mais il n’y a pas non plus de Gaspard Félix Tournachon. Il s’agit d’une confusion avec Pierre Marcellin Tournachon.

Registre de l’École des Mineurs, Archives Départementales de la Loire.
Registre de l’École des Mineurs, Archives Départementales de la Loire.

Même nom, mais prénom différent. La date de naissance également diffère, puisque l’élève de l’École des Mineurs est né le 3 juin 1813 et qu’il l’intègre à 22 ans. Nadar serait rentré à 15 ans. La confusion peut être entretenue par les origines de ces deux personnes. Le véritable élève est né à Lyon, où son père, Alban Tournachon, réside toujours au moment de son inscription à l’École. Nadar est né à Paris de Victor Tournachon, un imprimeur lyonnais. Nadar aurait commencé des études de médecine avant de gagner sa vie dans la presse à la mort de son père en 1837. L’élève de l’École des Mineurs a obtenu un brevet de troisième classe puis a travaillé au chemin de fer d’Alès à Beaucaire.

Références

Paul-Louis ROUBERT in Encyclopaedia Universalis.

Discours de Pierre Chevenard, 30 mai 1954

http://articles.adsabs.harvard.edu//full/1955LAstr..69..122M/0000123.000.html

Fiche réalisée par Rémi Revillon (historien) et Hervé Jacquemin (Mines Saint-Étienne)

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