Le 2 août 1816 est proclamée l’ordonnance royale donnant création d’une École des Mineurs à Saint-Étienne. Une décision importante dans l’industrialisation de la France.
À l’origine de cette décision, un homme : Louis Antoine Beaunier, l’ancien directeur de l’École d’application de Geislautern, fermée après la perte de la Sarre par la France dans la guerre de 1815. Il souhaite rouvrir une école sur le même modèle et expose son projet dans un mémoire au Conseil général des Mines le 26 janvier 1816. Pour lui, le lieu idéal de création est le sud du département de la Loire en lien étroit avec un bassin houiller vaste de 25 000 hectares riche de 73 mines et proche des mines métalliques des Monts du Pilat et du Lyonnais.
Louis Antoine Beaunier propose : « Il sera créé dans cette ville de Saint-Étienne (département de la Loire) une école des Mines tant pour l’instruction pratique des élèves ingénieurs sortis de l’école des Mines de Paris, que pour l’instruction des directeurs et maitres ouvriers des mines et usine de France. » La réponse du Conseil général des Mines intervient le 7 mars 1816 et prend la forme d’un contre-projet avec une ambition bien moindre : « Il sera établi à Saint-Étienne une école de Mineurs destinée à l’enseignement élémentaire des notions qui sont indispensables pour la conduite des travaux des Mines. » Il en est ainsi pour presque tous les points du mémoire. L’ordonnance royale de Louis XVIII tranche les visions.
Les stéphanois en ces jours de début août 1816 pouvaient ainsi lire le texte suivant :
« Louis par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre
Ayans reconnu l’urgence de remplacer les Ecoles pratiques des Mines, établies à Pesey et Geislautern et voulans donner à l’exploitation des Mines de France tout le développement et le perfectionnement dont cette branche de l’industrie nationale est susceptible, et accorder à ceux de nos sujets qui la cultivent, une marque de notre protection spéciale.
Vu l’avis du conseil général des Mines et d’après la Proposition de notre Directeur Général des Ponts et Chaussées et des Mines
Sur le rapport de notre ministre, Secrétaire d’Etat de l’Intérieur,
Notre Conseil d’État entendu
Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit.
Art. 1er
Il sera établi à Saint-Étienne, Département de la Loire, une École des Mineurs, pour l’enseignement des jeunes gens qui se destinent à l’exploitation et aux travaux des Mines.
Art. 2
L’École sera composée d’un Ingénieur en chef des mines Directeur, et de trois professeurs qui seront choisis parmi les ingénieurs attachés à l’arrondissement de Mines dont Saint-Étienne est le chef-lieu.
Art. 3
L’enseignement aura pour objet 1. l’exploitation proprement dite, 2. la connaissance des principales substances minérales et de leurs gisements, ainsi que l’art de les essayer et de les traiter ; 3. les éléments de mathématiques, la levée des plans et le dessin.
Art. 4
L’instruction de l’École sera gratuite, les élèves ne pourront être admis avant l’âge de quinze ans accomplis ni après l’âge de vingt-cinq ans, et pour obtenir leur admission, ils devront faire preuve de bonne conduite, de capacité et d’une instruction telle, au moins que celle qui s’acquière dans les écoles primaires. Ils seront soumis au règlement qui interviendra sur la tenue et la discipline de l’École.
Art. 5
Tous les objets généraux de service, tels que la division, les époques et les programmes des cours, la discipline des élèves, la comptabilité seront délibérés dans un conseil d’administration composé du Directeur de l’École président, et des professeurs.
Ces délibérations et en général toutes celles relatives à l’enseignement, seront soumises à l’approbation de notre Ministre Secrétaire d’État au département de l’Intérieur sur le rapport du Directeur Général des Ponts et Chaussées et des Mines.
Art. 6
Notre Ministre Secrétaire d’État au Département de l’Intérieur est chargé de l’exécution de la présente ordonnance.
Donné en notre château des Thuilleries le deux août – l’an de grâce mil huit cens seize & de notre règne le vingt deuxième.
Signé Louis
Par le Roi
Le Ministre Secrétaire d’Etat au Département de l’Intérieur
Signé : Lainé
(Pour ampliation
Le Secrétaire Général du Ministère de l’Intérieur
Signé Paulmier de Fontenille
Certifié conforme
Le Chef de la Division du personnel et du secrétariat
Signé Vauvilliers) »
Ce 2 août 1816 marque le premier jour d’une école, aujourd’hui bicentenaire. Le 19 août, Louis Antoine Beaunier est nommé directeur de cette nouvelle École de Mineurs. Il lui revient la tâche d’écrire les premières pages d’une longue histoire construite au fil des années scolaires, des projets, et au gré des implantations des bâtiments sur le territoire stéphanois puis gardannais. Il s’attache, en accord avec l’administration parisienne, à louer le local de la première école et à l’équiper, à recruter les premiers professeurs, et définir les programmes avant de pouvoir ouvrir l’École stéphanoise. Pour information, c’est seulement 4 mois plus tard, le 6 décembre 1816, qu’une ordonnance redonne vie à l’École des Mines de Paris.
L’ordonnance royale est une sorte de constitution pour l’École, dont elle établit seulement les aspects généraux. Elle doit être complétée par un règlement qui définit plus précisément le fonctionnement de l’École. C’est la possibilité pour Louis Antoine Beaunier de négocier avec le Conseil général des Mines afin d’obtenir le maximum dans les limites de l’ordonnance. Le premier règlement est arrêté le 3 juin 1817. En effet, l’ordonnance de 1816 est en deçà des espérances du directeur. Grâce à sa persévérance à la réussite brillante d’élèves comme Fourneyron et Boussingault et en relevant constamment le niveau d’exigence au-delà des attentes règlementaires, l’École des Mineurs de Saint-Étienne s’impose peu à peu comme une École d