Le 1er janvier 1931, le professeur de géologie André Demay quitte l’Ecole des Mines de Saint-Etienne en cours d’année scolaire pour s’en aller remplacer à l’Ecole des Mines de Paris son maître en sciences de la terre, Pierre Termier. Les premières années stéphanoises l’avaient incité à travailler sur les structures géologiques des Cévennes ce qui fit de lui, par la suite, un spécialiste reconnu de la géologie structurale. Il avait également fait ses premières armes d’enseignant attentif.
Biographie d’un élève brillant
André-Charles-Edmond Demay est né à Montluçon (Allier) le 20 novembre 1890. Après des études brillantes au lycée Ampère de Lyon où son père était professeur, il est reçu à la fois à l’École normale supérieure et à Polytechnique où il entre major de la promotion 1910. Intégré au Corps des mines, il est nommé professeur de géologie et géologie appliquée à l’Ecole des Mines de Saint-Etienne en 1919. Il est alors chargé de cours de géologie appliquée, statistique minière et levé de plan. Dès le mois d’octobre, il assure le cours de géologie à la place du directeur Georges Friedel qui quitte alors l’École. C’est une lourde tâche pour ce jeune professeur à qui il est retiré les levés de plan.
Le 16 janvier 1927, il devient sous-directeur en remplacement d’Henri Le Sueur. Lorsqu’en octobre 1929, le directeur Albert Chipart est nommé à Paris, Demay devient donc directeur par intérim. Le poste de directeur lui est proposé. Il refuse considérant que le travail d’enseignement et les travaux scientifiques ne lui permettent pas de solliciter la charge administrative de la direction de l’École. De même il renonce à sa charge de sous-directeur.
Aux derniers jours de 1930, alors qu’il vient d’être nommé chevalier de la Légion d’honneur le 13 août, il quitte Saint-Etienne – remplacé par un jeune professeur, Louis Neltner – pour prendre la chaire de géologie générale de l’Ecole des Mines de Paris jusqu’alors occupée par Pierre Termier, ancien professeur de géologie aux Mines de Saint-Etienne (1886 – 1894). Il enseigne à Paris jusqu’en 1957. En 1941, il est nommé inspecteur général des Mines et siégea au Conseil général des Mines de 1957 à 1960.
Par ses travaux en géologie structurale, il est élu à la présidence de la Société Géologique de France (1946-47). Durant sa période stéphanoise, il a reçu deux prix de l’Académie des Sciences (prix Rivot, 1913, et Labbé 1927). Il décède à Paris le 30 octobre 1964.
Un tout jeune enseignant
« Ce départ nous enlève, en même temps qu’un remarquable professeur, l’ami véritablement dévoué, que M. Demay a voulu être pour nous, comme son vénéré maître, M. Termier, l’a été pour ses élèves. » écrivent les élèves dans la revue « Le Pic qui chante » n° 43, publié en 1931. Pour eux, après avoir été le jeune professeur caricaturé dans le conte de Noël « Noël au Château » (cf Brève du 26/12/15), il reste le « meilleur souvenir de leur passage à l’Ecole ».
« Messieurs, déclare Demay, nous allons trouver maintenant le secondaire ! »
C’est une minute de saine émotion géologique, et bientôt après nous voilà dans la grande carrière » C’est ainsi que les élèves évoquent la course géologique du 17 avril 1926 au Mont d’Or (Rhône).
Outre sur ces terrains fossilifères, il enseigne la géologie appliquée, directement liée aux terrains houillers du bassin de Saint-Etienne ainsi qu’aux Monts du Lyonnais pour les mines métalliques. Mais ce qu’il préfère, reste la science géologique, cette science des terrains cristallins des Alpes que lui enseignait Pierre Termier et qu’il développe sur le Plateau Central, terme alors utilisé pour le Massif Central.
Demay, structuraliste
Ses années stéphanoises lui permettent donc de se rendre régulièrement sur les terrains du Massif central et de travailler sur les terrains cristallins, ces vastes étendues de granites et roches métamorphiques assises de ces terrains. L’intention de Demay est alors de comprendre la formation de cette ancienne chaîne de montagnes, la chaîne hercynienne. Son premier mémoire « Sur les nappes cévenoles » est publié à son arrivée à Paris en 1931.
Par la suite, forgé par ses années de formation géologique en salle et sur le terrain, il travaille sur la tectonique, ces failles et micro-failles en surface qui aident à la compréhension des mouvements orogéniques en profondeur (1942), ainsi que sur les cristallisations des roches métamorphiques et des granites associés. Il contribue ainsi à définir la notion de structurologie, une science fondamentale dans l’étude des chaînes de montagnes. Par la suite, il étudie le contexte géologique de cette chaine avant que ne se forment il y a quelques 300 millions d’années, les vallées d’altitude fluviatiles et lacustres, futurs bassins houillers de Saint-Etienne, du Gard ou de l’Ardèche (1948).
Les Dépêches de la première semaine de janvier au fil des 200 ans
O. Fleurot 1er janvier 1999 – Olivier Fleurot, promotion 1971-74, devient directeur du Financial Times qu’il dirige durant huit années. Il est actuellement directeur général du MSLGROUP, qui rassemble les activités de Relations Publiques, Communication Corporate et Evénementielle du groupe Publicis.
5 janvier 1885 – Etienne Brossard (1839-1894), polytechnicien et ingénieur des mines de Saint-Etienne de la promotion 1857-59, devient sénateur de la 3ème République après avoir été député de la Loire de 1876 à 1885, inscrit au groupe de la Gauche républicaine.
6 janvier 1909, Léon Poussigue (1859-1941), promotion 1876-78, reçoit la Légion d’honneur pour son travail en tant que directeur des mines de Ronchamp (Haute-Saône), créateur du puits Arthur-de-Buyer, premier puits de mine à avoir dépassé les 1 000 mètres de profondeur en France ainsi que de la centrale thermique de Ronchamp. Il est également l’inventeur d’un appareil permettant d’analyser l’air des chantiers miniers et d’en connaitre la teneur en grisou.
Fiche rédigée par Hervé Jacquemin (EMSE) et Rémi Revillon (historien)
Références
http://www.annales.org/archives/x/demay.html
« Course géologique au Mont d’Or », Le Pic qui chante n° 21, pp.18-21, 1926
« Départ », Le Pic qui chante n° 43, p. 14, 1931
La lettre de Charles Descombes relatif à la chaire vacante de géologie